autoportrait
Pour Skopitone Sisko, la création se révèle comme une thérapie. Elouan Jegat travaille seul, dans son studio, ses idées, dans l’écriture comme dans l’enregistrement, bricolant ses mélodies avec la méticulosité d’un artisan horloger. Ses compositions sont ensuite complétées, lors de la phase finale, par les arrangements de Baptiste Le Solliec (batterie) et Ugo Héon (claviers). Les textes anglophones sont enfin enrichis de la plume du chanteur irlandais Kevin Twomey (Bigger), qui vient apporter sa contribution stylistique peu avant l’enregistrement.
Peu à peu, Incognita se dessine. Sur la rive, le groupe est prêt à larguer les amarres pour nous embarquer dans un voyage à la chronologie vaporeuse, où l’horizon ne semble être qu’un mirage. Composé sur une année, au gré des saisons et de leurs humeurs, ce premier album vogue sur les aléas du temps, à travers douze titres qui font le tour du cadran. Le temps, c’est aussi le passé qui résonne dans le maintenant. Si le thème du temps glisse tout au long de l’album, il semble indéniablement lié à celui des relations amoureuses, celles qui ne cessent d’interroger. Incognita, c’est en effet le rapport à l’autre qui n’apparaît jamais que comme un(e) inconnu(e). C’est aussi le rapport à l’autre que l’on questionne au sein d’un couple. Incognita, c’est enfin cette terre lointaine et mystérieuse. Mais cette terre inconnue est-elle celle foulée par la famille qui arrive à destination, ou celle, mystique et invisible, que découvrent ceux qui n’ont pas réussi le périple ?
Tissé au fil rouge du temps qui passe, ce premier album réussit finalement le pari de Skopitone Sisko : nous plonger dans un souvenir flou, une rêverie flottante, une photo en argentique au goût de nostalgie.